Estafette La gombe

Restaurer cette estafette est un chantier très technique car il y a une dimension "archéologique". Il n'est pas question d'effacer la patine ni l'emprunte de La Gombe.

Je l'ai donc récupérée alors qu'elle était figée dans le temps et dans le sol de l'Hacienda (la villa de La Gombe) depuis des décennies.

Il faut la sortir avec un engin. Les journées sont longues comme le suggèrent ces photos de nuit.

Je vous mets ci-dessous une photo d'époque avec la déco de l'estaf. Puis des photos des miniatures que j'ai photographié aujourd'hui.

On commence par nettoyer/dératiser.

Comme le destin de cette estafette est de tracter à nouveau l'Alpine victorieuse au Mans, on va restaurer intelligemment la partie attelage! Voyez sur les photos comme les boulons étaient rongés par la rouille. Je les remplace par de la boulonnerie normalisée galvanisée catégorie 8.8. Je reprends les perçages "freestyle" de La Gombe! Je vous ai dit que je conserverai au mieux l'aspect historique. En revanche, j'ajoute des boulons transversaux qui étaient absents. Ils empêchent la collection de boulons de travailler en cisaillement.

Ceux qui ont l'habitude de fabriquer des châssis de camion connaissent la procédure. Si on modifie ou rallonge un châssis, il faut placer des goussets. C'est le cas ici puisque l'arrière a été désintégré par les herbes hautes. Par contre, le reste du châssis est bien conservé, protégé par les projections de l'huile du moteur!

Pour l'intérêt historique, je glisse les goussets à l'intérieur des longerons de manière à ce que ce renfort absolument nécessaire soit invisible. Ils sont boulonnés et soudés. On peut tracter.

Je fais également attention à bien garder l'anneau maison qui servait à attacher la Manx.

D'un point de vue historique, je choisis ce moment dans l'histoire de l'estaf. Je dois donc reprendre les ailes, totalement écrasées aujourd'hui.

Restauration du train arrière. Je ne détaille pas. Rien de spécifique. On refait tout.

Quand je vous écrivais que les dessous de la demoiselle étaient sains.

On refixe le train arrière. Rondelles de blocage neuves, évidemment.

Passons un peu à l'avant pour varier les plaisirs. Le temps s'est arrêté chez La Gombe. Dans la boîte à gants, on trouve une boîte d'allumettes d'époque en bois. Conquête spatiale. Vous remarquerez l'emplacement pour un compte-tours! "Because racecar!"

Un détail qui, je trouve, est révélateur de l'état d'esprit de Gérard. Je l'ai dit dans la bio, il était quelqu'un de généreux dans certaines situations. Néanmoins, le fait que l'autoradio était côté conducteur est parlant. Un seul siège (confort: de R8), l'autoradio au niveau des yeux et de son côté, le ventilo (avec ailes en mousse ^^ ) de l'autre. Il organisait son espace en s'émancipant totalement des conventions. Malgré son aspect négligé sur la fin de sa vie et certains articles de presse plutôt acerbes sur son apparence à l'époque, c'était quelqu'un de classe et de très sociable. Il était très indépendant et vraiment libre.

On refait le freinage de A à Z.

On passe à la réfection du bloc. Je refais le moteur à neuf.

Alors pour l'anecdote, je voulais m'autoriser une petite entorse archéologique et prolonger le mythe et les ambitions de Gérard au sujet de cette estafette.

Je greffe une culasse de moto sur le bloc Cléon. Vous vous retrouvez avec un moteur de moto de grosse cylindrée. Bon délire! Mais... c'était sans compter les haters, très présents aujourd'hui. Du coup, j'ai été accusé de vol du moteur ci-dessous.

Donc je vais couper court aux rumeurs dans le milieu Alpine.

On voit clairement que j'ai acheté un cache-culbu, que je l'ai posé sur une culasse de moto et que j'ai peint via un pochoir le "GOMBERT" sur la lettre G de Gordini. C'est d'ailleurs beaucoup moins bien fait que l'original. Du coup, ça m'a gonflé et j'ai reposé le moteur classique dans l'estafette. Je réserve la recette pour sortir un Cléon du diable au club du livre.

Fermeture de la parenthèse (car des rumeurs non fondées, il y en a d'autres... Il faut clairement comprendre qu'en sortant plusieurs véhicules impactant d'un point de vue médiatique, on est une cible à ragots. Je ne suis pas le seul à être ennuyé dans un milieu qui comporte beaucoup d'envieux). Bref, on enlève le proto, on remet un moteur neuf, preuve avec la photo de la jauge ^^

On refait tout le faisceau électrique, on change tous les joints qu'on trouve.

On passe à la refection des phares et des feux (montage 1ere génération: les feux stop font aussi clignotant). On cherche sur internet et on change. Les phares sont totalement introuvables. Je modifie des phares de génération suivante en remplaçant le verre concave par le convexe.

Échappement neuf

4 pneus neufs (même s'il n'y en a que 2 sur la photo)

Pour l'essuie-glace, on triche un peu comme pour les verres de phares.

soufflets de cardan neufs

Rectification des tambours:

Un truc qui devait être bien fun sur l'estaf, c'est le klaxon secret! D'origine, il y a 2 niveaux sonores pour l'avertisseur. Sur le deuxième était branché une "cucaracha". Bien-sûr, j'ai dû changé le système qui était détruit mais maintenant, on peut l'entendre la vidéo (que je dois remettre sur youtube. Elle est visible sur FB)



On refait les planchers avants qui étaient mangé car l'eau stagnait dedans. plancher chocapic!

Un peu de douceur dans les photos qui suivent après tant d'efforts pour remettre la bête sur la route.

Devant L'Hacienda. Retour à son défunt propriétaire si son âme erre toujours sur le terrain.

Je dédicace cette restauration à Benoît. Il a largement contribué à ce que je récupère la bête et que je puisse ainsi la sauver dans l'esprit qui nous est cher.