Biographie La Gombe

Depuis la vente de la collection Gérard Gombert dit La Gombe, mon copain un peu fou et décalé dans le monde des sports mécaniques est revenu sur le devant de la scène. Un départ digne de ses « déconnades » lors de soirées bien arrosées !

Je ne me suis pas rendu à la vente aux enchères car c’était trop difficile pour moi. Le décès était trop récent puis j’avais peur qu’il y ait un coté festif affairiste bien loin de mon deuil. Je me suis rendu sur place le lendemain de la vente. Stéphane Pavot de la maison Osenat avait réussi à me convaincre . Je m’étais juré de ne pas publier cette vidéo du terrain de La Gombe avant son décès afin qu’il ne soit pas importuné. Stéphane a été touché de pouvoir découvrir cet homme à l’image devant ma caméra alors qu’il le découvrait à travers sa collection.

Plus tard, j’ai reçu de nombreux témoignages de personnes qui auraient tellement aimé connaître l’homme derrière la collection médiatisée. L’aspect humain reprenait le dessus sur les aspects matérialiste et spéculatif. Je suis en contact avec tous les héritiers de Gérard et je connaissais déjà des connaissances à lui que j’avais eu l’occasion de croiser à l’Hacienda (sa villa-garage).

Je me suis lié d’amitié avec le cousin de Gérard. Bien qu’ils ne se soient plus vu depuis 10ans, ils ont passé leurs jeunes années ensemble et cet homme aussi moderne et fun que son cousin, accompagné de sa sœur, une dame très agréable elle aussi, m'ont apporté une aide précieuse pour recomposer les jeunes années de Gérard (5ème en partant de la gauche sur la photo). Je suis monté en région parisienne pour les rencontrer samedi 3 février 2018. Nous avons passé une soirée très cordiale.

(Gérard: 5ème sur la photo en partant de la gauche)

Bien-sûr, je n’oublierai pas l’aspect technique qu’apprécie tout passionné de mécanique, je parlerai de son savoir-faire dans la pratique du polyester ainsi que de ses préparations moteur et j’inventorierai tout son passé en compétition car c'était avant tout un fondu de courses.

Lors de cette fameuse journée « Lendemain de vente », j’ai également récupéré la camionnette de La Gombe, un utilitaire qui me faisait rêver comme on peut le deviner avec le zoom de ma vidéo faite 15 ans avant.

Elle était dans le lot 304 avec l’Alpine A210. En trop mauvais état pour être vendue, elle avait malgré cela un intérêt historique indéniable comme en témoigne la photo ci-dessous.

Son nouveau propriétaire me l'a généreusement confiée afin que je lui redonne vie.

Devant l’Hacienda, l’estafette chargée sur mon camion et devant, Benoît Boulanger, jeune passionné qui, avec "Bob", aidait toujours le « vieux » comme il l’appelait affectueusement.

Gérard était quelqu'un de très généreux dans son accueil. Si vous étiez "cool", il vous ouvrait son coeur et son musée à ciel ouvert. L'ami à droite sur la photo (plié en deux lors d'une franche rigolade suite à un des fameux sketchs de La Gombe) s'était vu offrir une auto sur le terrain car il avait dit qu'il la trouvait jolie. Il l'avait finalement refusée car il n'aurait pas su quoi faire de ce cadeau. Des rapports simples et désintéressés qui torpillent certains mythes qui disent qu'il ne voulait se séparer de rien. Après, les bonnes ou mauvaises affaires que certains ont réalisé avec lui ne me regardent pas. Brassens disait que les gens (une fois) morts étaient tous des braves gars. Gérard n'était pas un saint.

Quelques photos que Gérard présentait régulièrement aux personnes qu’il recevait et que j’avais photographiées (avec son autorisation) pendant la séance.

La fameuse Martini visible devant les Alpine. Dans mon enquête, je n’avais qu’une adresse postale pour prendre contact avec l'ancien propriétaire. Malheureusement, cette personne est décédée. Leur amitié était très importante pour Gérard.

Il aimait particulièrement cette photo qu'il me montrait où il était en combinaison de pilote sur sa Norton Manx. C'est la photo qu'on voit sur l'image au dessus sur la page où il tient deux photos.

Pour moi, la photo suivante est une très belle évocation de La Gombe: les potes, les animaux, les machines et la combinaison de travail: La Liberté. En haut à droite sur la photo. Eugène, le père de Gérard.

Sur ce site, vous allez aussi pouvoir suivre la restauration de l'estafette de Gérard. Il a acquis cette camionnette à l'âge de 23 ans et a tout de suite peint ce fameux lettrage publicitaire. Juste après guerre, son papa, Eugène, était descendu de la région parisienne sur la côte d'azur avec sa famille pour vendre des pains de glace quand Gérard était enfant. Détail frappant quand on regarde toute la vie de La Gombe sur la durée : à 23 ans, ce dernier avait donc déjà l'ambition de devenir une référence dans les automobiles à carrosserie composite comme on le voit en parcourant le texte sur les panneaux latéraux de l'estafette

Avant de transférer son activité sur Fayence, à l'Hacienda, il exerçait chez son père, chemin des autrichiens. La maison n'existe plus aujourd'hui. L' endroit était exiguë. Il fallait faire de la place là où il n'y en avait pas et c'était le tetris permanent entre les autos des clients . L'estafette, garée devant, était un très bon support publicitaire.

Pilote moto avant tout, Gérard se rendait sur les circuits avec l'estafette et sa moto sanglée à l'intérieur. La camionnette était aménagée de façon spartiate afin que Gérard puisse dormir dedans sur place.

J'ai volontairement masqué le visage de la femme sur la photo car je n'ai pas encore réussi à la contacter et je n'ai donc pas son autorisation. Elle a joué un rôle essentiel dans la vie de Gérard et sans elle, conter sa vie n'aurait pas le même relief de coeur.

Sous le tableau de bord, une vignette attire mon attention:

Peut-être que les passionnés de voitures japonaises auront remarqué l'ancien sigle Toyota, abandonné par la suite car il manquait de lisibilité à l'international. Pour l'anecdote, le nouveau logo a été dessiné par le père d'un copain japonais (qui adore ma civic et l'a connue d'origine). Il m'a expliqué sa génèse et sa signification: le taureau contient toutes les lettres du nom Toyota.

Revenons à notre garage mystérieux. Bien évidemment, il est inutile de tenter de téléphoner... D'ailleurs, je vois dans le botin que le garage n'existe plus. Voyons sur internet en tapant Garcin, Le Vesinet, Toyota. Tiens? Je n'y avais même pas pensé, honte à moi. Jean-Pierre Garcin est un bon pilote qui a sévi sur les circuits français il y a quelques années et il est très connu en tant que co-pilote/navigateur de Rallye Raid. Il a entre autres gagné le China Gran Rally au général et le Paris Dakar dans la catégorie véhicules d'origine avec son co-équipier et pilote Christian Lavieille au volant d'un Toyota en 2017 .

Je vous invite à lire cet interview ou cette vidéo si vous désirez mieux connaitre l'homme et sa carrière. Je décide donc de le contacter pour lui exposer l'enquête biographique de mon copain La Gombe. Bien que la génération ne corresponde pas entre l'estafette, la vignette et Jean-Pierre Garcin, j'obtiendrai peut-être des infos. Il m'apprend alors que c'est son oncle Lucien qui était un ami de Gérard et il me donne son téléphone. Un sacré gain de temps dans ma recherche! Après un premier entretien téléphonique déjà passionnant, je monte en région parisienne pour le rencontrer. Je fais la connaissance d'un homme très élégant, posé, humble et généreux. Je vous explique: je pense qu'on peut considérer Lucien Garcin comme le premier préparateur Toyota en France. Et les fans d'Initial D et de la petite Corolla AE86 vont être ravis s'ils ne connaissaient pas cet homme. Il a un très gros palmarès. Il a, entre autres résultats, été champion de France des circuits sur Toyota Corolla et Celica.

J'ai vraiment fait une rencontre inattendue et exceptionnelle. Lucien est arrivé à un moment charnière car je rencontrai beaucoup d'inertie dans ce projet (relancer les gens plusieurs fois, se faire poser des lapins en descendant du train pour aller à un rendez-vous ou en poireautant plusieurs heures en attendant d'avoir des nouvelles du contact, etc...) voire des blocages décourageants surtout concernant la dernière partie de la vie de Gérard (Hacienda à partir de 2000). La plupart des gens ne réalisent pas l'investissement personnel et la quantité de travail que demandent l'écriture d'une biographie. Le témoignage de Lucien était passionnant, simple, libre et le reflet d'une époque. Depuis je rencontre des acteurs du monde de la compétition, chacun avec ses anecdotes ou ses faits d'armes , témoins de ce monde que La Gombe a traversé avec panache.

Gérard Gombert a donc fini 10ème au général au Bol d'Or 1970 avec son co-équipier Lucien Garcin. Ils auraient pu espérer la quatrième place mais un étrier de frein se bloquait de manière vicieuse et leur a fait perdre beaucoup de temps.

La photo couleur m'a été prêtée par Lucien, la noir et blanc par Serguei "Sixtiman".

Les visages de beaucoup de personnes sont toujours masqués pour des raisons de droit à l'image non accordé.

Au chapitre des anecdotes, voici comment débute son amitié avec François Chevalier, ancien directeur du circuit Paul Ricard. Dans la liste des inscrits à une course sur le circuit, François remarque un gars qui court sur une Norton Manx. Nous sommes en 1970. La Manx, bien qu'elle soit très bien née, a bientôt 25 ans. Elle est techniquement dépassée face à l'arrivée des japonaises. C'est un peu Burt Munro qui arrive à la Speed Week avec son Indian pour ceux qui connaissent la référence ou qui ont vu le film (Pour les autres, sautez sur votre trapanelle pour aller vous le faire prêter par un pote ou sur le net pour les plus modernes) et... l'effet pour François Chevalier est un peu le même que pour Jim Moffat découvrant Burt Munro sur le lac salé. Bon, sauf que la comparaison s'arrête là, Gérard est le meilleur pote de Michel Rougerie, vice-champion du monde moto dans quelques années et tout ce petit monde va bien s'entendre.

François Chevalier à gauche, Gérard Gombert à droite. François est de la même essence que Lucien et d'autres grands champions de cette époque. Sûr de lui, posé, poli, une certaine noblesse dans son attitude, il roule en Lotus Elise à bientôt 80 ans.

Je vous poste une photo de la fameuse table, quelques mois après la vente aux enchères. Pincement au coeur

Petite pause entre deux soudures sur la restauration de l'estafette, je décide de nettoyer sa mezzanine.

Je trouve un grand barnum qui vient se fixer sur le coté de l'estafette. Hâte de l'installer une fois la camionnette remise sur ses roues. Et je trouve des feuillets qui devaient servir à diverses expositions. J'espère que ça vous fait autant plaisir qu'à moi de découvrir ça. Le caractère amateur de ces affichages fait penser au choix:

  • au côté simple de cette époque
  • au caractère débutant dans les ambitions de Gérard
  • à l'hypothèse des priorités de la piste plutôt que de la présentation.

Je penche pour cette troisième hypothèse car je suis le premier à arriver en vrac sur les rassos ou manifs sportives parce que j'ai autre chose à gérer que soigner la comm et je me retrouve totalement dans l'accent mécanique des panneaux avec des infos techniques

Et toi, sacré bonhomme (oui, j'en découvre encore sur les qualités humaines de Gérard...), j'espère que mon travail sur l'estafette te plait de là où tu es!

quelques photos témoins de l'univers de La Gombe